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Le Covid, une occasion de renforcer la perte de droits dans la salle d’accouchement ?

Le Covid, une occasion de renforcer la perte de droits dans la salle d’accouchement ?

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Depuis le début de la pandémie, la Plateforme citoyenne pour une naissance respectée s’inquiète particulièrement des conditions d’accouchement en Belgique et du respect des femmes. En effet, diverses mesures ont été prises lors du premier confinement souvent en dépit des recommandations de l’OMS.

Depuis la fin du premier confinement, la PCNR dénonce des pratiques abusives et a commencé à récolter des témoignages. Certains sont accablants.

« Une fois sur les  dernières heures, après 35h de souffrance seule dans ma chambre, je n’en pouvais plus. J’ai eu  mon premier moment de craquage, les larmes ont coulé, j’aurais aimé une présence, un soutien  avec moi. Qu’on me rassure, qu’on m’explique comment gérer la douleur, qu’on me dise tout  simplement que ça allait bien se passer, avoir juste une main que je puisse serrer ou quelques  mots d’accompagnement. Je rêvais que mon partenaire soit là à mes côtés, mais il ne pouvait pas  être là pour me rassurer. »

« Toutes les mesures prises sont quelque  peu effrayantes, mais il y en a une bien particulière qui m’empêche de fermer l’œil : l’obligation  de porter un masque pendant tout l’accouchement. Le porter ne fût-ce qu’une heure pour faire  les courses est déjà très compliqué pour moi, j’ai la phobie d’avoir quelque chose contre mon nez  et ma bouche. En plein effort physique, c’est simple : j’étouffe. Je n’ose imaginer comment ça sera  pendant les heures les plus douloureuses et éprouvantes de ma vie ! »

« Après 24 h, ils ont diagnostiqué une suspicion de covid-19. Le bébé est séparé de sa maman, les  deux parents sont isolés dans une chambre sans pouvoir se changer. La maman demande un tire-lait électrique, mais sa requête reste sans réponse. »

La contestation de nos interventions a toujours porté sur le manque de données par rapport aux pratiques des maternités belges et/ou sur le fait de déformer la réalité en créant un mouvement de panique. Il faut arrêter de dire que nous faisons peur aux femmes lorsque nous dénonçons des violences qui leur sont faites. Nous n’acceptons pas de considérer que les mots sont plus violents que des actes contre des femmes.

Nous avons donc décidé de mener l’enquête malgré nos moyens limités. 

Entre le 14 octobre et le 16 novembre, nous avons contacté par téléphone les maternités bruxelloises et wallonnes. En nous faisant passer pour des femmes enceintes désirant connaitre les procédures liées au covid, notamment pour les tests, le port du masque et la présence du conjoint.

Ce rapport se penche plus précisément sur le port du masque. L’objectif est d’informer les femmes et de mettre à l’honneur les maternités qui protègent les femmes à l’accouchement. Il permet de constater que différentes pratiques sont possibles et que le port du masque lors de l’accouchement n’est pas indispensable.

Des femmes peuvent accoucher sans masque en Belgique. 

Que ce soit suite à un test rapide qui leur indique les protections supplémentaires à prendre pour le personnel, ou que ce soit pour toutes les femmes, peu importe le statut covid, certaines maternités laissent les femmes respirer librement.  Les équipes qui les entourent sont quant à elles bien équipées de masque FFP2 et se protègent tout en travaillant. Certaines maternités maintiennent ce protocole même si la femme est positive.

C’est une très bonne nouvelle dont nous nous réjouissons ! Nous tenons à saluer le travail des 4 maternités qui ont adopté un tel protocole pour protéger les femmes qui accouchent.

Merci à:

  • CHM à Mouscron
  • St. Nikolaus Hospital à Eupen
  • CHU UCL Namur – Site de Dinant (St-Vincent) à Dinant
  • Etterbeek – Ixelles à Bruxelles

De ce fait, les femmes n’ont pas à subir tous les risques liés au port du masque : réactivation d’un traumatisme, aggravation des conditions respiratoires, hypoxie ou hypercarbie, limitation de la communication, surmédicalisation, inconfort et surchauffe. (voir le texte intégral)

Ailleurs les femmes souffrent 

La majorité des hôpitaux n’ont pas fait le choix de protéger les femmes et n’équipent pas correctement leur personnel pour être en sécurité. Cela implique que c’est aux femmes qui accouchent de les protéger.

Selon les informations qui nous ont été communiquées, ces hôpitaux imposent le port du masque pendant tout l’accouchement (du début du travail à la poussée) :

  • CHR de Mons Site St-Joseph à Mons
  • Clinique Saint Pierre à Ottignies
  • Grand hôpital de Charleroi – Notre Dame à Charleroi
  • Hôpital Civil Marie Curie à Charleroi
  • Hôpital Epicura : Maternité des Dix Lunes à Ath
  • Hôpital Epicura : Pôle Mère-Enfant à Hornu
  • Maternité de Braine-l’Alleud
  • Maternité de Saint-Elisabeth à Namur

On peut se poser la question de l’utilité de porter un masque dans ces conditions. La transpiration, le décrochage systématique pendant la poussée et la longue période où il est porté le rendent complètement inutile.

Des pratiques variables 

Les autres maternités demandent le port du masque à certains moments. Cela peut fortement varier selon les préoccupations : la sécurité des professionnels, le confort de la femme… Le port du masque peut être demandé pour le travail, en présence du personnel, durant la poussée, selon le gynécologue de référence…

En détail durant le travail  et la poussée

Des maternités demandent le port du masque durant le travail, d’autres durant la poussée. D’autres, beaucoup plus nombreuses le demandent quand le personnel est présent. Certaines s’adaptent aux difficultés de la femme. D’autres s’adaptent à leur personnel et leur sensibilité sur le masque… Ce qui fait sens dans une structure ne fera pas sens dans une autre.

Rappelons les recommandations 

  • De l’Organisation mondiale de la santé (OMS) :
    Il ne faut PAS porter de masque quand on fait de l’exercice, car les masques peuvent réduire l’aisance respiratoire.
    La transpiration peut entraîner une humidification plus rapide du masque, rendant la respiration plus difficile et favorisant la croissance des micro-organismes. (voir site de l’OMS)
  • Du Collège des Gynécologues et Obstétriciens américain (ACOG) destiné aux femmes porteuses du Covid
    Quand vous êtes à l’hôpital ou en maison de naissance, vous devez porter un masque si vous avez le COVID-19. Mais lorsque vous poussez pendant le travail, le port d’un masque peut être difficile. Pour cette raison, votre équipe soignante doit porter des masques ou tout autre équipement respiratoire protecteur. Ils peuvent également prendre d’autres mesures pour réduire le risque de propagation du virus, y compris le port de lunettes ou d’un écran facial. (voir texte original ici)
  • Du Collège des Sages-Femmes au Royaume-Uni
    Le Collège des Sages-Femmes britanniques est encore plus clair : « Les femmes en travail ne devraient pas être invitées à porter des masques ou toute forme de couverture du visage. » (voir recommandations complètes ici)

Nos recommandations : 

Pour l’instant, la seule possibilité qui s’offre aux femmes enceintes est de s’informer des protocoles et changer de maternité s’ils ne leur conviennent pas. Nous estimons qu’il est donc urgent d’exiger :

Qu’on arrête de demander aux femmes de porter un masque durant leur accouchement
Et qu’on équipe toutes les sages-femmes et gynécologues de protections adéquates. 
Car ce n’est pas aux femmes de protéger les soignants, mais aux soignants de protéger les femmes.