Rejoignez-nous les 12 et 13 mars 2025 à Bruxelles pour interroger les parcours et relations de soins en santé périnatale, décrypter les violences gynécologiques et obstétricales, et réfléchir ensemble à des pratiques plus respectueuses des droits et choix des femmes.
Contexte et objectifs
Nous considérons qu’une approche féministe de la maternité qui intègre le fait de laisser le choix aux femmes et aux personnes menstruées d’avoir ou non des enfants, quand et comment. La liberté de choix en ce qui concerne la contraception et l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en font donc partie.
La première édition de ce festival dédié aux droits humains en matière de santé sexuelle et reproductive a pour objectifs de (1) questionner les trajets et les relations de soin en santé périnatale et de (2) réfléchir collectivement pour passer du constat à l’action pour une justice reproductive. Le festival s’adresse aussi bien aux professionnel·les qu’aux usagères des soins de santé.
Participez à l’un des événements proposés pour lutter ensemble en faveur des droits de santé sexuelle et reproductive !
Programme
Mercredi 12 mars après-midi @ Bruxelles Laïque « J’accouche, je m’informe, je choisis. Elles accouchent, j’accompagne, elles choisissent » Séminaire/workshop avec Claudine Schlack, de 14 à 17h
Jeudi 13 mars @ Haute Ecole Fransisco Ferrer « Les violences obstétricales, au détriment de la santé des femmes et de celle des soignant.e.s à leur travail » Séminaire/workshop avec Claudine Schalck, réservé aux étudiant·es
Partenaires
Dans le cadre de la semaine des droits des femmes organisée par la Ville de Bruxelles. Une initiative de la Plateforme citoyenne pour une naissance respectée, Femmes et Santé ASBL et la Coalition Genre et Santé. Avec le soutien de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes (IEFH).
En ce jour du 45e anniversaire de la Convention internationale pour l’Élimination de la Discrimination à l’égard des Femmes (CEDAW) ainsi qu’en cette journée internationale des migrant·e·s, la Plateforme nationale représentative de la société civile belge, dont la Plateforme citoyenne pour une naissance respectée fait partie publie une série de recommandations au sujet de la mise en œuvre du dernier plan d’action contre les violences basées sur le genre (PAN 2021-2025).L’occasion d’exprimer sa vive inquiétude concernant le manque de moyens alloués au secteur associatif, inquiétude déjà partagée par le GREVIO dans son rapport d’évaluation de 2020. Alors que les négociations pour former le futur gouvernement fédéral sont en cours, la Plateforme invite les autorités à faire de cet enjeu de société majeur une priorité à tous les niveaux de pouvoir.
Tricoterie, 4 novembre 2024 : la salle est comble pour la projection du documentaire “Naissances respectées” organisée par la Maison de naissance et de mourance Pass-ages et ses divers partenaires, dont la Plateforme citoyenne pour une naissance respectée. Dans le public, des sages-femmes, présentes en grand nombre, des parents, des activistes, des étudiant·e.s, quelques kinés, des doulas…
Après la projection, Thierry Samain, modérateur, socio-anthropologue et bénévole chez Pass-ages, a ouvert le débat en invitant Aline Schoentjes, cofondatrice et sage-femme chez Amala à intervenir sur le thème “Le savoir, c’est le pouvoir”. Une manière d’entrer directement dans le vif du sujet et de parler de littératie en santé, d’accès aux savoirs, mais également d’horizontalité dans la relation… Et, bien entendu, de préparation à la naissance.
Bande annonce du film « Naissances respectées »
« L’essentiel du métier de l’auxiliaire de naissance consiste avant-tout à nouer un partenariat avec les parents pour tisser un lien privilégié, une relation d’égal à égal. Le couple apporte ses valeurs, ses besoins et ses ressources. Moi mes connaissances, mon expérience ». Aline Schoentjes, AMALA
Écouter, faire confiance, lâcher prise
Pour Aline Schoentjes, un élément est essentiel dans la préparation : « l’écoute, ou la rencontre humaine entre la femme ou le couple et le ou la prestataire de soin. Pour que les femmes enceintes ou sur le point d’accoucher puissent retrouver confiance, il faut aussi leur faire confiance ». Une partie du métier de sage-femme, a-t-elle précisé « consiste à travailler autour des compétences afin de permettre à la femme de nourrir cette conviction profonde qu’elle est capable. Sans être bisounours,” ajoute-t-elle « mais plutôt en créant les conditions pour qu’elle puisse aller chercher en elle les ressources.”
La valeur de l’accompagnement sage-femme
La plus-value d’un accompagnement sage-femme en continu ou “continuity midwife-led care” se situe surtout à ce niveau-là. Si la femme qui accouche peut puiser en elle-même de nombreuses ressources, c’est aussi grâce à son environnement qu’elle “va pouvoir trouver les appuis pour traverser ce qu’elle doit traverser. » Pour Aline Schoentjes, l’essentiel du métier de l’auxiliaire de naissance, comme elle aime l’appeler, consiste avant-tout à « nouer un partenariat avec les parents pour tisser un lien privilégié, une relation d’égal à égal. Le couple apporte ses valeurs, ses besoins et ses ressources. Moi mes connaissances, mon expérience ».
Pour clôturer, Aline Schoentjes a évoqué les défis que comporte cette exigence, notamment lorsque les soignant·es doivent faire face à des demandes auxquelles il·elles n’ont pas l’habitude, soulignant le fait que ce sont justement ces demandes en dehors des guidelines qui permettent aux professionnel·les d’évoluer dans leur posture et leur métier.
Pour finir, les risques que comportent les nouvelles injonctions qui pèsent sur les femmes ont été mentionnés : il faudrait, à présent, « réussir son accouchement comme sa vie de couple ». Celles-ci devraient plutôt « lâcher l’illusion de la toute puissance » ainsi que « la croyance que l’univers médical va tout gérer » pour accepter la « temporalité de la naissance».
Paradigmes du risque et risques du paradigme
Siham Zaytouni, obstétricienne à l’hôpital Erasme, est ensuite intervenue pour partager ses réflexions autour des risques et des attitudes thérapeutiques. « Les obstétricien·nes, a-t-elle expliqué, « exercent un métier dont le but est de prévenir et d’anticiper des évènements rarissimes mais gravissimes. Ce qui conduit souvent les médecins », a-t-elle poursuivi, à « se focaliser sur les risques”. En ce qui la concerne, Siham Zaytouni préfère parler de chances de succès plutôt que de risques. “Le propre de la médecine, a-t-elle expliqué, est de se baser sur des chiffres. Jusqu’à très récemment, le vécu de l’accouchement avait très peu de place dans la prise en charge. Les notions d’attachement, de ressenti ou de projet de naissance étaient occultées dans la majorité de nos études”. Siham Zaytouni a ensuite fait la distinction entre risque relatif et risque individuel. Son avis : les professionnel·les doivent laisser à la patiente « la place de mettre sa jauge, en fonction de son ressenti”. Tout en faisant le nécessaire pour sécuriser l’événement. Un équilibre pas toujours évident à trouver.
Complémentarité des professions et hiérarchie des savoirs
Avec Michèle Warnimont sage-femme fondatrice du Cocon à Erasme et membre du CA de Pass-ages, et Annick Faniel, de la Plateforme citoyenne pour une naissance respectée la parole a continué de circuler. Un débat très animé s’est engagé autour de la question de l’accès à l’information, des choix laissés aux parents, de la dépossession du processus de la naissance. Diverses réflexions ont pu être partagées dans la salle.
Dans le public, certain·es ont soulevé des questions liées à la justice reproductive ou la perspective intersectionnelle et l’accessibilité des soins pour les personnes plus vulnérables. Les notions d’autonomie dans la prise de décision, de complémentarité des savoirs et des pratiques, de formation des professionnel·les ont été évoquées ensuite, plus sous forme d’interrogation que de conclusion.
L’exigence de l’hôpital vis-à-vis des professionnel·les, la pression subie par ces derniers, le sous-financement du secteur, la hiérarchie des savoirs ou l’évolution des pratiques au fil du temps ont été évoqués… Sans entrer cependant dans le cœur du débat, faute de temps.
Un lieu et un temps pour partager ses questions
Pour finir, la soirée a également permis de mettre un coup de projecteur sur les séances « Accoucher à Bruxelles » organisées régulièrement à Pass-ages avec le soutien de nombreux partenaires. Animées par une équipe pluridisciplinaire, ces séances ont pour but d’informer les futures mères et leurs partenaires sur toutes les possibilités existantes (structure hospitalière, gîte intra-hospitalier, maisons de naissance, domicile) dans la région de Bruxelles-capitale. Une initiative que nous trouvons réellement utile et qui devrait pourvoir être offerte partout en Belgique.
Prochainerencontre
La prochaine session d’information « Accoucher à Bruxelles » aura lieu mercredi 18 décembre 2024.
Mercredi 18/12/24 de 18H à 20H Chez Pass-ages, Rue du Deltastraat 65 1190 Bruxelles info@pass-ages.be (+32) 0471 84 29 93
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