Réponse à l’article de Vincent Liévin du 29 novembre 2023 dans Le Spécialiste

Fact News
La plateforme citoyenne pour une naissance respectée (PNCR), asbl qui a commandité l’étude « Accoucher en Belgique francophone avant et pendant le COVID » publiée en 2021, vient de prendre connaissance de l’article du 29 novembre 2023 intitulé « Violences obstétricales: « Nous sommes écoutés, mais pas entendus ». Cet article relate des propos du Professeur Pierre Bernard, président du Collège Royal des Gynécologues Obstétriciens de Langue Française de Belgique (CRGOLFB). 

L’étude susmentionnée de la PCNR y est complètement discréditée ; nous avons pu lire que notre étude était « pseudo-scientifique », « biaisée », « sans méthodologie correcte » et que nous propagions ainsi des « fake news ».

Nous aimerions demander au Prof. Pierre Bernard s’il a pris la peine de lire le rapport complet de l’étude (137 pages qui décrivent en détail la méthodologie et les résultats de l’étude) auprès de plus de 4.200 femmes. Nous invitons tous les lecteurs de cet article à lire ce rapport détaillé.

La PCNR tient à rappeler la rigueur méthodologique avec laquelle cette étude a été réalisée :

  • Une chercheuse indépendante et expérimentée (statisticienne pour le GOPA Luxembourg et chargée d’étude au LISER (Luxembourg Institute of Socio-Economic Research) a été recrutée pour cette recherche (afin, justement, d’éviter les biais).
  • Un comité scientifique a été mis sur pied, incluant plusieurs chercheuses de l’ULB  ainsi que des professionnelles de l’obstétrique.
  • L’enquête a été réalisée à l’aide d’un questionnaire en ligne et s’est déroulée du 4 juin 2021 au 18 juillet 2021. Le public visé par l’enquête concernait toutes les femmes ayant accouché à Bruxelles ou en Wallonie entre le 1er janvier 2019 et le 18 juillet 2021. Ce champ d’enquête nous a permis d’obtenir un large panel de plus de 4200 femmes afin d’effectuer des comparaisons entre les périodes avant et pendant le covid. Nous n’avons pas voulu remonter avant 2019 afin d’éviter les biais de mémoire.
  • Le questionnaire a été diffusé sous le nom « Accoucher à Bruxelles et en Wallonie avant et pendant le COVID ». Cet intitulé neutre a été choisi afin de  favoriser la participation de toutes les femmes, quelles que soient les conditions de leur grossesse et de leur accouchement. Une attention particulière a donc été prêtée à l’intitulé pour ne pas influencer les femmes ayant vécu des violences obstétricales à répondre davantage que les autres femmes à l’enquête. Nous avons ainsi limité le biais de sélection.
  • L’enquête a été relayée par la Ligue des familles, l’Office de la Naissance et de l’Enfance (ONE), la Ligue des Usagers des Soins de Santé (LUSS), le Guide Social, Yapaka.be, Le Vif, La World Association for Infant Mental Health belgo-luxembourgeoise, les associations et professionnels de la Santé mentale à Bruxelles et en Wallonie, des lieux d’accueil parents-bébés. Ces organismes sont pluralistes et ont été choisis pour éviter un biais de sélection.
  • Notre questionnaire a été construit sur base du questionnaire de l’OMS IMAgiNE EURO Study group, administré à la même période; il a été pré testé avant sa diffusion publique.
  • 5983 femmes ont souhaité participer à l’étude et ont démarré le questionnaire et 4226 femmes répondaient aux critères d’inclusion de l’étude (18 ans ou plus, accouchement à Bruxelles ou en Wallonie entre le 1 er janvier 2019 et le 18 juillet 2021). Le contrôle qualité et le respect des critères d’inclusion ont été strictement observés.
  • Nous avons comparé les caractéristiques de notre échantillon avec les caractéristiques de l’ensemble des femmes qui accouchent à Bruxelles et en Wallonie à partir du CEpiP. Nous avons la même répartition des modes d’accouchement. La différence portait sur le niveau d’étude qui était plus élevé dans l’échantillon de la plateforme, ce qui peut s’expliquer par le fait que le questionnaire était seulement en français et nécessitait des facilités numériques.
  • Nous avons obtenu des résultats similaires aux autres études européennes telles que nous avons pu le voir lors de la journée d’étude SAAGE « Obstetric Violence: Towards New Understanding and Responses » du 6 novembre 2023 à Bruxelles, durant laquelle nous sommes intervenues. Ainsi, une étude via un questionnaire en ligne a été réalisée au Hollande en 2020, pour recueillir les expériences des femmes ayant accouché. Cette étude hollandaise, qui a analysé plus de 12.000 questionnaires, conclut que 36,3% des femmes ayant accouché ont fait l’expérience de soins non respectueux ou de violence.

Toutes les études ont des biais : ils ont été minimisés avec la méthodologie susmentionnée, n’ont jamais été dissimulés et ont été mentionnés lors de chaque présentation publique de l’étude. Cette étude est la première réalisée en Belgique ; elle a été réalisée avec peu de moyens mais sur une base méthodologique solide et cela se confirme par ses résultats qui sont similaires aux autres études européennes.  

Dans les conclusions de l’étude, la plateforme a recommandé que le SPF santé publique lance une étude de grande envergure en Belgique. Nous invitons le Collège Royal des Gynécologues Obstétriciens de Langue Française de Belgique (CRGOLFB) à soutenir cette recommandation et à participer à la prochaine enquête qui, espérons-le, sera menée au niveau national.

Accoucher à Bruxelles et en Wallonie avant et pendant le COVID – Les résultats

Entre le 4 juin et le 15 juillet, la Plateforme citoyenne pour une naissance respectée, a mené une enquête sur les circonstances de la naissance avant et pendant la pandémie de COVID. Dans ce cadre, elle a réalisé une enquête en ligne sur le vécu des femmes et le déroulement de la grossesse et de l’accouchement. Cette action prend place dans le plan Droits des femmes de la Ministre Linard. C’est une initiative de l’asbl Plateforme citoyenne pour une naissance respectée avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Notre enquête a rencontré un succès impressionnant auprès des femmes ! Largement partagée, près de 6.000 femmes ont souhaité participer.
Certains résultats sont sans appel, d’autres sont surprenants. Ces données, inexistantes avant notre enquête, sont une réelle avancée pour la santé et le bien-être des femmes. 

Les documents importants :

Suite à cette enquête, la Plateforme a réalisé deux documents qui présentent les résultats. L’un est une synthèse des éléments clés de l’enquête, l’autre est le rapport complet de toute l’analyse chiffrée.

La synthèse de notre enquête sur les conditions d’accouchement avant et pendant le covid.
Le rapport complet de notre enquête sur les conditions d’accouchement avant et pendant le covid.

Souvenirs de la soirée :

La presse en parle :

Suite à la soirée de présentation des résultats, nous avons eu un bon écho médiatique :

➡️Obstétrica : 
Enquête sur les condition d’accouchement en Belgique

➡️Le Spécialiste :

Une étude met en lumière les violences gynécologiques et obstétricales à l’accouchement
➡️Le Ligueur des parents – Ligue des familles : 
Une femme sur 5 est victime de violences au moment d’accoucher et l’ignore

Accouchement et vécu douloureux : ne pas rester seule…
➡️
la capitale :
Alarmante étude sur les violences gynécologiques et obstétricales à l’accouchement
➡️ Milf media : www.facebook.com
➡️RTBF Info : 
Une enquête révèle la réalité des violences obstétricales en Belgique : « L’arrivée de ma fille n’est pas un beau moment »

➡️Sudinfo.be 
Le Covid-19 a amplifié les angoisses des mères à propos de l’accouchement
➡️La Libre 
« Le Covid a volé mon accouchement »: comment les femmes ont-elles donné naissance en pleine crise sanitaire?
➡️Le Vif 
Accouchement : les violences gynécologiques sont loin d’être un mythe
➡️Mammouth : 
LA MATERNITÉ AU TEMPS DU COVID-19

Accoucher à Bruxelles et en Wallonie avant et pendant le COVID

Entre le 4 juin et le 15 juillet, la Plateforme citoyenne pour une naissance respectée, mène une enquête sur les circonstances de la naissance avant et pendant la pandémie de COVID. Dans ce cadre, elle réalise une enquête en ligne sur le vécu des femmes et le déroulement de la grossesse et de l’accouchement. Elle appelle les femmes qui ont accouché après le 1er janvier 2019 jusqu’à maintenant à répondre au questionnaire en ligne qui sera diffusé et relayé sur plusieurs plateformes et site d’associations partenaires comme la Ligue des familles, l’UPSFB, La LUSS…. Cette action prend place dans le plan Droits des femmes de la Ministre Linard. C’est une initiative de l’asbl Plateforme citoyenne pour une naissance respectée avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Le contexte de la naissance en Belgique :

Depuis sa création, la Plateforme citoyenne pour une naissance respectée œuvre pour une meilleure collecte des données et une transparence de celles-ci pour les usagères. Les femmes n’ont pas accès aux données médicales, les institutions n’ont pas accès au vécu des femmes. Aucune instance n’est mandatée pour réaliser ce travail. Les données médicales telles que le taux de césarienne, d’épisiotomie, de recours à la péridurale sont collectées pour la partie francophone du pays par le CEPIP depuis 2007. Or, ces données ne prennent pas en compte la question du consentement, le choix du lieu de naissance, le vécu des femmes etc. Suite à l’enquête nationale réalisée par l’INSERM et Santé publique France, on sait qu’en France les maladies cardiovasculaires et les suicides deviennent les deux premières causes de mortalité maternelle. Il est essentiel de se préoccuper du vécu des femmes qui accouchent.

L’impact du COVID sur les soins maternels et néonatals encore méconnu

La réorganisation des services hospitaliers pour faire face à la crise sanitaire du COVID, l’impossibilité de différer ou déplacer les accouchements, ou encore les restrictions de déplacement peuvent avoir des conséquences importantes sur la qualité et l’accès aux soins maternels et néonatals. La plateforme a reçu des témoignages de femmes ayant mal vécu le port du masque et l’interdiction d’être accompagnée.

En tant qu’association d’usagères des soins de santé, nous nous posons des questions sur ces pratiques, étaient-elles isolées, généralisées ? Quels ont été leurs effets ? Y a-t-il eu d’autres changements dans les protocoles ? D’autres répercussions ?  Des effets inattendus de l’épidémie COVID comme la diminution drastique de la prématurité, qui est plutôt une bonne nouvelle, méritent aussi d’être analysés.

L’OMS rappelle dans un communiqué que toutes les femmes ont le droit à une expérience d’enfantement positive et sans danger, qu’elles aient été testées positives au virus ou non. Ses recommandations affirment pourtant que les femmes doivent avoir accès à la présence d’un accompagnant de leur choix durant l’accouchement ou encore à des protocoles de soins appropriés pour soulager la douleur.  

Un contexte propice aux changements

Depuis un an, le monde politique et institutionnel se préoccupe davantage du vécu des femmes lors de l’accouchement et des bons traitements qu’elles reçoivent. En septembre 2020, la lutte contre les violences gynécologiques et obstétricales a été reprise dans le plan intrafrancophone de lutte contre les violences faites aux femmes. Le 23 avril 2021, le Sénat a voté la réalisation d’un rapport d’information concernant le droit à l’autodétermination corporelle et la lutte contre les violences obstétricales. La Plateforme citoyenne pour une naissance respectée s’en réjouit. Elle compte profiter de ce momentum pour s’appuyer sur les conclusions de son enquête pour formuler des propositions concrètes visant à améliorer les circonstances de la naissance en Belgique dans un contexte COVID et hors COVID.

Un appel aux femmes au service des femmes

Afin de contribuer à l’amélioration de la qualité des services de maternité en Belgique, la Plateforme citoyenne pour une naissance respectée invite toutes les femmes ayant accouché depuis le 1er janvier 2019 à participer à cette étude. Cette participation consiste à répondre à un questionnaire en ligne sous forme anonyme qui sera diffusé et relayésur différentes plateformes et site d’associations partenaires. Les données ne seront communiquées et diffusées que sous une forme strictement anonyme, à travers l’utilisation de rapports, de statistiques et/ou de publications garantissant la protection des données et de l’identité. Les analyses permettront de faire des recommandations vers les professionnels de santé, les institutions et le monde politique.

La participation de chacune permet d’avoir un impact pour nous toutes.

Une attention particulière aux vécus douloureux

Conscient.e.s que ce questionnaire peut réveiller des vécus douloureux liés à la grossesse, l’accouchement et au post-partum, La Plateforme et le Service de santé mentale Le Chien Vert ont mis en place un partenariat. Ce partenariat offre la possibilité d’un accueil ponctuel, gratuit et anonyme, en groupe ou en individuel, pour celles (et leur partenaire de vie, conjoint.e ) qui en ressentiraient le besoin dans les suites de cette enquête. Entre le 4 juin et le 30 juillet 2021, les personnes concernées peuvent contacter le Chien Vert via le 0487/610 501. Le SSM Le Chien Vert bénéficie d’un agrément pour la clinique périnatale en santé mentale, lié à son engagement dans la prévention et le soin au bénéfice des devenant parents, des bébés et de leur famille (www.lechienvert.be). 

Vous avez accouché avant ou pendant la pandémie COVID et souhaitez participer au questionnaire en ligne

Disponible entre le 4 juin et le 15 juillet : bit.ly/3ywo7M4